mardi 6 décembre 2016

La première description du massif des Écrins... en 1793.

Pour trouver la première description des différentes vallées qui forment l'actuel massif des Écrins, il faut se référer à un petit ouvrage de 1793, publié à Turin, à l'usage des militaires :
Noms, situation et détails des vallées de la France le long des grandes Alpes, dans le Dauphiné et la Provence,Et de celles qui descendent des Alpes en Italie, depuis la Savoie, jusqu'à celle de Saint-Étienne au comté de Nice. Extrait des Campagnes du Maréchal de Maillebois, par le Marquis de Pesay.


Dans ce message, je veux surtout mettre en exergue ce qu'il apporte à l'histoire de la connaissance du massif.

Dans cette page qui décrit les différentes rivières de la vallée du Vénéon :


on lit plus particulièrement :
Cette rivière [le Vénéon] reçoit quelques ruisseaux assez considérables.
1. Le ruisseau descendant du pied de la montagne d'Oursine, et coulant le long du vallon de la Pirade.
2. Le ruisseau descendant du pied de la montagne de l'Aiguille du midi, par le vallon de Châtelar, et tombant dans la Venéon, au dessous du hameau de la Bérarde.
3. Le ruisseau descendant de la pointe haute du Grand glacier, coulant le long du vallon de Selle, et allant tomber dans la Venéon, au dessous du village de Saint Christophe.
On peut mettre en rapport cette description avec la Carte du Haut-Dauphiné de Bourcet, dont elle est en réalité un véritable commentaire", comme le dit Henry Duhamel dans la réédition de 1894.


Comme on le constate, dans ce court extrait, le marquis de Pezay (ou celui qui est véritablement l'auteur de ce texte) nomme les Écrins (montagne d'Oursine), avec la rivière qui descend du glacier du vallon de la Pilatte (vallon de la Pirade), la Meije (Aiguille du midi), avec le vallon des Étançons (vallon de Châtelar) et, soit le Râteau, soit le Pic de la Grave (pointe haute du Grand glacier), avec le vallon de la Selle. C'est pour cela que l'on doit considérer ce texte comme la première description du Haut-Dauphiné et du massif des Écrins. Pourtant, il ne faut pas le réduite à ce seul massif, car il décrit longuement les vallées du Queyras et, plus généralement, toutes les vallées de la frontière entre la France et la Savoie et l'Italie. En revanche, les vallées éloignées de la frontières (Champsaur, Valgaudemar, etc, pour citer celles des Hautes-Alpes) sont absentes.
Pour connaître l'histoire complète de la publication et les discussions sur la part exacte du marquis de Pezay dans la rédaction, je vous renvoie à la page que je lui ai consacré sur mon site : cliquez-ici. Il y a une certitude, le contenu de cet ouvrage est directement issu des mémoires rédigés par François de La Blottière, dans ses travaux de reconnaissance militaire de la frontières vers 1709.
J'ai récemment acquis l'édition conjointe de Turin et Grenoble (voir la page de titre en début de message). J'en ai profité pour mettre à jour ma notice et surtout pour tenter de démêler les différentes éditions de ce texte. En réalité, il n'y en a 4 entre 1793 et 1794, entre Turin et Grenoble, sans qu'il soit possible, en l'état de mes connaissances, d'identifier la "vraie" édition originale. Pour ma part je possède une autre édition, qualifiée de "seconde édition", Turin, 1794. Elle est particulièrement rare, car il n'en existe aucun exemplaire dans les bibliothèques publiques de France (Source : CCFr).


C'est la même édition que celle-ci, avec la page de titre modifiée :

Enfin, autre lien avec le Briançonnais, les frères Reycends, premiers éditeurs de ce texte, sont originaires de Monêtier-les-Bains, appartenant à ce vaste réseau des libraires briançonnais dont j'ai déjà parlé. Je n'ai pas fait de recherches particulières sur eux.

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