vendredi 6 décembre 2013

De l'intérêt des thèses pour l'histoire régionale.

On oublie trop souvent qu'à côté des ouvrages "régulièrement" publiés, il existe toute une production imprimée qui est une source indispensable pour connaître nos régions. Aujourd'hui, je veux parler des thèses. Non pas celles, bien connues, produites par les universitaires du XXe siècle (je pense par exemple à la thèse d'André Allix sur l'Oisans : cliquez-ici), mais je souhaite parler de ces "petites" thèses parues tout au long du XIXe siècle, souvent des thèses modestes par la taille et l'ambition. C'est, par exemple, une thèse de Jacques Léon : Contribution à l'étude du goitre dans les Hautes-Alpes, thèse présentée à la Faculté de Médecine et de Pharmacie de Lyon en 1894, qui étudie particulièrement les causes et les mesures prophylactiques du goître.

Celle dont je veux parler aujourd'hui est un court opuscule de 32 pages : Essai sur la Topographie physique et médicale de Briançon, par Antoine Reynaud, un chirurgien militaire de l'Isère qui a présenté cette thèse devant la faculté de médecine de Montpellier pour obtenir le grade de docteur en 1819 (pour plus de détails, cliquez-ici). Remarquons au passage qu'en ces temps-là, l'exigence sur les thèses, tant sur la forme que sur le contenu, était très en-deçà de notre époque, voire même de la fin du même siècle.


Ce qui fait l'intérêt de ce texte, c'est qu'il s'agit de la première topographie médicale du Briançonnais, autrement dit de la première étude sur la situation sanitaire et médicale de cette région. 

Ce texte, par sa nature même, a sûrement été tiré à un très petit nombre d'exemplaires, à destination essentiellement du jury et de quelques personnes. Cela explique aussi que cet ouvrage soit inconnu de toutes les bibliographies briançonnaises ou dauphinoises.

L'intérêt de ce texte réside surtout dans le regard que porte une personne étrangère au pays sur les conditions de vie, les mœurs et coutumes et, partant de là, sur la condition sanitaire des habitants. On y retrouve quelque images fortes qui seront répétées tout au long du siècle : l'isolement, la neige pendant presque 9 mois de l'année, les forts écarts de températures même en été, le confinement des paysans dans les étables avec le bétail pendant l'hiver, le goître endémique, etc. A lire ce texte, comme d'autres plus tard, on s'étonne qu'une population ait pu survivre dans cette région dans de telles conditions.

Cette topographie est la première qui a été publiée sous une forme séparée. Auparavant, comme l'indique lui-même A. Reynaud dans sont Avant Propos, avait paru un Mémoire topographique et médical de la ville de Briançon, par M. Bouillard, chirurgien-major de l'hôpital militaire de cette ville, dans le Journal de médecine militaire, 1788, mémoire qu'il juge trop avantageux. Autrement dit, il ne lui trouve pas ce côté misérabiliste, qui forme le fond de sa propre analyse.

En 1816, le sous-préfet Chaix a fait paraître une Topographie, histoire naturelle, civile et militaire, économie politique et statistique de la sous-préfecture de Briançon pour servir de canevas aux topographies administratives, Paris, P. N. Rougeron, 1816, in-8°, 92 pp. Elle n'était pas spécifiquement consacrée à l'aspect médical de la description de la région.

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