vendredi 1 novembre 2013

L'Alpine Journal : quelques textes fondateurs sur les Alpes Dauphinoises.

Comme je l'évoquais dans un message récent, ceux qui s'intéressent à l'histoire de la découverte et de l'exploration des Alpes dauphinoises et plus particulièrement du Massif des Ecrins ne peuvent pas faire l'impasse sur ces publications anglaises qui contiennent quelques uns des texte fondateurs pour la connaissance du massif. J'ai déjà parlé des ouvrages de Forbes (Norways and its glaciers), du Rev. T. G. Bonney (Outline Sketches in The High Alps of Dauphiné). J'ai présenté il y a quelques années un recueil d'articles de l'Alpine Club, Peaks, Passes and Glaciers. Second Serie, publié en 1862 qui contenait déjà quelques articles intéressant sur les Alpes dauphinoises. A partir de 1863, l'Alpine Club abandonna le principe des recueils et fit paraître une revue trimestrielle, l'Alpine Journal, ensuite regroupée en volumes annuels. Ce sont les 28 premiers numéros, formant 4 volumes, qui viennent de rejoindre ma bibliothèque. Ces 4 volumes couvrent 7 années, de mars 1863 à février 1870.


Ils sont dans la reliure de l'éditeur, une percaline brique avec un des volumes illustré d'un motif doré sur le plat.




Ils contiennent quelques articles fondamentaux sur les Alpes dauphinoises, d'une valeur scientifique supérieure à ceux parus précédemment.  En préambule, signalons que la préface du premier volume (Introductory Address) qui présente l'esprit et les objectifs de cette nouvelle revue, cite nommément le Dauphiné, parmi les régions des Alpes qui restent à découvrir : "The number of persons who know the mere name of the highest mountain in the great Dauphine group may be reckoned by tens". C'est un des but de la revue de contribuer à une meilleure connaissance des montagnes partout dans le monde.

Ce sont 3  Anglais, F. F. Tuckett, le Rev. T. G. Bonney et W. Mathews qui mirent à profit les étés 1862 et 1863 pour procéder à une exploration systématique du massif. Ces récits, complétés de nombreux tableaux de mesures, sont ensuite publiés dans l'Alpine Journal :
- Explorations in the Alps of Dauphiné, during the month of July, 1862. Read at the meeting of Alpine Club, June 9th, 1863, F. F. Tuckett, F.R.G.S. 
- The Grandes Rousses of Dauphiné, Wm. Mathews, Jun., M.A.
- The range of the Meije, Dauphiné, Rev. T. G. Bonney, M.A., F.G.S.

Le premier article est illustré de schémas novateurs dans leur esprit, en introduisant une manière détaillée et précise de représenter les montagnes, loin des styles plus artistiques et travaillées de leurs prédécesseurs :

The Ailefroide, Écrins, and Pelvoux, from above Guillestre

The Col and Pointe des Écrins seen frome the slopes N.W. of Les Étages

The Pointe des Ecrins col and névé of Glacier Blanc, from Col du Glacier Blanc

Chacun à leur manière, ces schémas sont les premières représentations fidèles et précises des sommets du massif. Le premier complète la vue plus restreinte du Pelvoux que  Whymper  a donné dans Peaks, Passes en Glaciers, Second Serie. Les deux autres sont les premières représentations de la Barre des Ecrins (face ouest, depuis les Etages, et face Nord avec le Glacier Blanc) avec la topographie associée.

Pour me faire comprendre, on peut comparer le 2e schéma avec la même représentation des Ecrins paru dans Peaks, Passes and Glaciers. Second Serie.


Le 2e volume  contient aussi le récit de la première ascension de la Barre des Ecrins, le 25 juin 1864, par Edward Whymper, A. W Moore, Horace Walker et les guides Michel Croz et Christian Almer. Il est illustré d'une très belle représentation des Ecrins, depuis le col du Galibier, d'après un dessin de Whymper. C'est la première représentation connue des Ecrins.


Pour finir, il y a un article savoureux de A. W. Moore sur les premières expéditions hivernales dans les Alpes, la première, en Suisse, durant l'hiver 1866 et la seconde, durant l'hiver 1867, en Dauphiné : On some winter expeditions in the Alps, Read before the Alpine Club, on June 8, 1869. Ce petit texte, rapportant une anecdote en 1867, montre comment l'image de la montagne en hiver s'est radicalement inversée en 150 ans.
Crossing, that afternoon, the little Col de Valloire, I slept in a very primitive inn in the village of the same name. On the top of the col I met a ' Commis-Voyageur' on his way back to St. Michel, who, naturally surprised at meeting a stranger in such a place at such a season, enquired for what purpose I was travelling; on my responding 'pour plaisir,' he threw up his hands, and, with a glance round at the dreary, snow-covered landscape and the gathering clouds, exclaimed in a tone suggestive of his own intense antipathy to his surroundings, 'que diable de plaisir !' and then fled down to St. Michel and civilisation, as though he had been escaping from a dangerous lunatic.

Pour en savoir plus, voir la page que je leur consacre sur mon site : Alpine Journal, vol. I-IV (1863-1870).

En guise de supplément, pour ceux qui sont friands de curiosités géographico-administratives, j'ai découvert une curiosité à l'occasion de l'acquisition de ces livres. Je les ai achetés à un libraire à Vancouver au Canada et ils ont été expédiés depuis les Etats-Unis. En réalité, les frontières tirées au cordeau ont fait que qu'un petit bout du territoire de Vancouver se trouve aux Etats-Unis. C'est Point Roberts (le A de la photo ci-dessous).


J'ai appris que l'on appelle cela une exclave : un morceau de terre sous souveraineté d'un pays du territoire principal duquel il est séparé par un ou plusieurs pays ou mers.

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