samedi 7 septembre 2013

Vacances dauphinoises et alpines

Après la pause estivale, il est temps de reprendre les bonnes habitudes blogueuses. L'été, qui a évidemment inclus un séjour dans les Alpes, s'est avéré riche en rencontres, trouvailles, découvertes, etc.

Pour commencer par la bibliophilie, une belle trouvaille chez un bouquiniste à Gap. Un exemplaire de la première histoire imprimée de la ville de Gap, par Théodore Gautier : Précis de l'histoire de la ville de Gap, Gap, 1844.Ce livre est déjà peu courant, mais cet exemplaire à 3 intéressantes caractéristiques :
- un exemplaire sur grand papier (un vélin fort) à grandes marges, non rogné.
- une reliure romantique d'époque. On pourrait certes se montrer plus exigeant sur la qualité de la reliure, mais pour ce type d'ouvrage, à diffusion très locale, la qualité de cette reliure me semble être le maximum que l'on puisse espérer trouver.
- une provenance intéressante. Il provient de la bibliothèque du commandant Vivien (1777-1850), un soldat de l'Empire dont les mémoires ont été publiées en 1907 par Emmanuel Martin : Souvenirs de ma vie militaire, 1792-1822. Originaire d'Orléans, sa présence à Gap en ce milieu du XIXe siècle s'explique par son mariage avec une jeune gapençaise. Il était aussi le propre beau-frère par les femmes de Théodore Gautier, l'auteur de l'ouvrage. Hasard ou pas, le manuscrit de ses souvenirs a été récemment vendu chez Christie's : cliquez-ici.



Démonstration par l'image de la différence entre deux exemplaires du même ouvrage : un sur grand papier à grandes marges et l'autre sur papier ordinaire et rogné.



Pour rester dans les livres anciens, une plaquette sur un fait très locale de l'histoire des Hautes-Alpes : La station préhistorique de Panacelle et les peuples anciens du bassin de Guillestre, par l'abbé Paul Guillaume, 1877.
Elle m'a séduite par sa double provenance : Félix Perrin, puis Henri Ferrand. Un achat qui confine au fétichisme, d'autant plus que j'avais déjà un exemplaire relié de cet ouvrage.

A propos de Félix Perrin et Henri Ferrand, et sans transition, je me suis offert une petite virée au cimetière Saint-Roch, le cimetière historique de Grenoble, autrement dit le Père Lachaise de Grenoble. Sous un soleil de plomb, dans un cimetière aux allures un peu abandonnées, j'ai presque eu l'impression de me promener au sein de la société grenobloise du XIXe siècle. Pour donner quelques noms glanés au fil de ma promenade :

L'alpiniste, libraire et bibliophile dauphinois, Félix Perrin (1853-1927)


Le pionnier des Alpes dauphinoises, grand chantre devant l'éternel des beautés de nos montagnes, Henri Ferrand (1853-1926).


Le prince des Bibliophiles dauphinois, Eugène Chaper (1827-1890)



L'inoubliable (sic) romancière et nouvelliste Louise Drevet (1835-1898) et son mari Xavier Drevet, fondateur du Dauphiné :


L'artiste Victor Cassien (1808-1893) :


Les ancêtres d'un célèbre bibliophile dauphinois blogeur :


Après ces épisodes historiques, une rapide revue des publications récentes que j'ai acquises lors des mes virées (moins funèbres) dans les librairies et lors de mon passage au salon du live de Montagne de Passy :

Une très intéressante étude historique sur les équipements touristiques du Lautaret par le directeur du Jardin Alpin du Lautaret, Serge Aubert : 150 ans de tourisme au col du Lautaret. dans la collection des Cahiers illustrés du Lautaret, 2013 – n° 4.



Etude très documentée et bien illustrée, par une personnalité sympathique que j'ai eu l'occasion de rencontrer dans son "fief" (le Jardin Alpin du Lautraret, bien sûr !).

Deux très beaux ouvrages de photographies sur les fermes du Val d'Arly (je sais, c'est la Savoie, et non le Dauphiné, mais j'ai aimé ces deux ouvrages d'un ami) :


L'ouvrage précédent, paru en 2000 :

Pour en savoir plus : cliquez-ici.

Une magistrale étude sur la Mer de Glace, qui me semble indispensable pour tous ceux qui s'intéressent aux glaciers et à leurs évolutions récentes, appliquées au plus célèbre d'entre eux : Mer de Glace, Art & Sciences.
 
Pour en savoir plus : cliquez-ici.

Pour revenir à des ouvrages moins récents :
 
Un exemplaire de l'annuaire du club alpin allemand et autrichien de 1903, avec un article bien illustré sur le massif des Ecrins (en allemand !).




Un ouvrage dont j'ai découvert très récemment l'existence : Cloud-Lands of France, par Amy Oakley, paru à New-York en 1927. Derrière ce titre, se cache la description d'un voyage touristique de Nice à Genève par les Alpes. Mais l'intérêt principal de l'ouvrage réside dans les gravures de Thornton Oakley, dans le style très daté de ces années-là. Pour ceux qui ne le sauraient pas, je garde un faible pour ce style graphique. Au passage, il est intéressant de noter que c'est par le plus grand des hasards que j'ai découvert l'existence de cet ouvrage sur e-bay. Visiblement, les amateurs français sont souvent peu ouverts à tous les ouvrages parus sur nos régions dans les différents pays du monde. Et pourtant, on y trouve des beaux livres, voire, pour l'histoire de l'exploration du massif des Ecrins, des sources indispensables. Français, encore un effort si vous voulez être internationaux, pour paraphraser un célèbre fou littéraire.

Avec la jaquette (détail important, pour les ouvrages anglo-saxons !) :


puis sans la jaquette :


Un exemple d'illustration :


Pour finir, une fois n'est pas coutume, une bande dessinée. Vient de paraître chez Glénat : Les Amants de l'Oisans. Gaspard de la Meije et les sources de l'alpinisme, sur un texte de Nelly Moriquand et des dessins de Fabien Lacaf. L'histoire, assez romanesque, se situe au moment de la conquête de la Meije en août 1877. Un puriste un peu taquin pourrait s'amuser à relever quelques inexactitudes (la route de la Bérarde en 1877 !), voire quelques approximations hasardeuses (les intérieurs des maison montagnardes trop beaux pour être vrais, le ski sur les pentes de la Meije par Henry Duhamel !), mais le graphisme est superbe, ce qui en fait un bel album.