lundi 22 juillet 2013

Description du Dauphiné, de la Savoie, du Comtat-Venaissin, de la Bresse et d'une partie de la Provence, de la Suisse et du Piémont au XVIe siècle, par Aymar du Rivail, traduit par Antonin Macé

En 1852, le professeur Antonin Macé, parfois connu sous le nom de Macé de Lépinay, breton d'origine, veut signer son entrée dans le Dauphiné en permettant à bon nombre de ses nouveaux concitoyens d'accèder à un texte qui n'était alors disponible qu'en latin. Il s'agissait du premier livre de l'Histoire des Allobroges d'Aymar du Rivail, écrit dans la première moitié du XVIe siècle en latin, premier livre qui donnait une description du pays des Allobroges et de certains de ses confins, autrement dit du Dauphiné, de la Savoie, du nord de la Provence (le Comtat-Venaissin) et de la Bresse.


C'est ainsi qu'est paru en 1852, chez les libraires Charles Vellot et F. Allier :
Description du Dauphiné, de la Savoie, du Comtat-Venaissin, de la Bresse et d'une partie de la Provence, de la Suisse et du Piémont au XVIesiècle; Extraite du premier livre de l'Histoire des Allobroges par Aymar Du Rivail, Traduite, pour la première fois, sur le texte original publié par M. Alfred de Terrebasse; précédée d'un introduction et accompagnée de notes historiques et géographiques par  
M. Antonin Macé, Ancien élève de l'école normale supérieure, Professeur d'histoire à la Faculté des lettres de Grenoble
Grenoble, Ch. Vellot & Cie, libraires, F. Allier père & fils, imprimeurs, 1852, in-8°, XXXVI-364 pp.


Il s'agit de la traduction du premier livre de l'Histoire des Allobroges d'Aymar du Rivail, qui donne la description d'une vaste zone couvrant la Savoie et le Dauphiné, en y incluant la Bresse au nord, et le Comtat-Venaissin au sud. Ce texte, écrit dans la première moitié du XVIesiècle, a d'abord été publié en 1844 dans sa version latine, ce qui le rendait guère accessible au public cultivé, interessé par l'histoire de la région. Antonin Macé a entrepris de le traduire, complété de notes, pour le faire connaître au public dauphinois. Récemment arrivé dans la région, c'est sa première contribution à l'histoire régionale.

Dans cette volonté de mettre à disposition du plus grand nombre un texte qui était inaccessible à la plupart, parce que publié en latin, on peut y voir une application pratique des idées libérales et démocratiques d'Antonin Macé. Cela va dans le même sens que les cours populaires qu'il délivrera de 1854 à 1875 pour mettre le savoir historique à la portée de tous.

Dans son Avant-propos, A. Macé se faisait le promoteur des guides régionaux : "Avec leur esprit pratique, les Anglais ont, dans leurs Hand-Books, d'excellents modèles d'une classe intermédiaire de livres que je voudrais qu'on imitât en France. Moins secs, moins arides, moins hérissés de chiffres et de tableaux que nos Statistiques, ils sont bien autrement sérieux et instructifs que nos prétendus Guides du voyageur. On y trouve des notions simples, précises, exactes, sur la géographie physique de chaque pays, c'est-à-dire sur les montagnes, les vallées, les golfes, les îles, les fleuves, les cours d'eau; sur les canaux, les routes et leurs relais, les chemins de fer, les distances relatives des villes et même des villages;  les antiquités, les monuments, les souvenirs historiques; le commerce, l'industrie, l'agriculture; le tout accompagné de plans, de cartes, de vues admirablement exactes, et dans lesquelles l'art ne perd rien quoiqu'il n'emprunte rien à l'imagination." Par cet ouvrage, il espère contribuer à cela. Il trace aussi la voie aux futurs ouvrages qu'il fera paraître. En effet, c'est le premier travail publié par Antonin Macé, breton d'origine, que le hasard des affectations a conduit en Dauphiné, région à laquelle il s'attachera et dont il deviendra un des promoteurs. Ce premier ouvrage est aussi un façon de faire connaître le passé et la diversité de la province. Plus tard, il sera un des pionniers du tourisme en Dauphiné par ses guides des chemins de fer, puis ses deux plaquettes sur les montagnes de Saint-Nizier et surtout sur Belledonne. Sur ce dernier point, il sera même un des pionniers de la découverte et de la promotion des Alpes dauphinoises.

Je vous laisse découvrir cet ouvrage, dans la description que j'en ai donnée (cliquez-ici). Comme on l'imagine, si tout le département des Hautes-Alpes est bien représenté, la description des montagnes est totalement absente. Le seul sommet cité est le Mont-Viso. Malheureusement, Antonin Macé ne nous renseigne guère. Sa note sur le Vénéon montre que la topographie de la région était encore très approximative pour notre savant, ce qu'il partage avec les autres écrivains sur les Alpes dauphinoises, jusqu'aux années 1860 : "Le Vénéon formé de deux torrents le Vénéon proprement dit, qui prend sa source à la pointe de Chiare, le Lavet, qui sort de la pointe de la Muande dans le mont.Pelvoux, la plus haute montagne de France ( 4 300 mètres ). Après sa jonction avec le Lavet, le Vénéon arrose les vallées de Saint-Christophe et de Venosc en Oisans, et va enfin se jeter dans la Romanche un peu au-dessus du Bourg-d'Oisans." 

Les notes d'Antonin Macé sont souvent très instructives, bien que très érudites. Les deux notes renvoyées en appendices sont :
Des divers systèmes sur le passage des Alpes par Annibal. Les contradictions d'Aymar du Rivail à ce sujet sont l'occasion, pour Antonin Macé, de développer largement ses réflexions et son opinion sur le passage d'Annibal. Il se range à l'hypothèse du passage par le Mont-Cenis, en s'appuyant en particulier sur l'ouvrage de Larauza. Les hypothèses par les cols des Hautes-Alpes (Monte-Genèvre, Mont-Viso, Queyras, etc.) sont réfutées et discutées.
Des routes actuelles dans les Alpes, qui contient en particulier un développement sur la route du Mont-Genèvre.

Pour mieux connaître Antonin Macé de Lépinay, je lui ai consacré une notice biographique, complétée d'une bibliographie. Vous pouvez la consulter en cliquant ici. J'ai trouvé beaucoup d'informations dans la consultation de son dossier numérisé de la Légion d'Honneur, consultable sur Internet.

Antonin Macé de Lépinay (1812-1891)

Le manuscrit original d'Aymar du Rivail a été publié pour la première fois par Alfred de Terrebasse, en 1844, après avoir retrouvé la partie qui avait disparu. Cette publication a reproduit le texte latin, avec des notes en latin. Seule l'introduction est en français, avec quelques éléments sur la vie d'Aymar du Rivail. Cette belle publication, sortie des presses de Louis Perrin, était réservée à des érudits :
Aymari Rivallii [Aymar du Rivail], Delphinatis. De Allobrogibus. Libri novem. Ex autographo codice Bibliothecae Regis editi. Cura et Sumptibus Aelfredi de Terrebasse [Alfred de Terrebasse].
Viennae Allobrogum, apud Jacobum Girard, bibliopolam [Vienne, Jacques Girard, Libraire], 1844, in-8°, [6]-XXVII-608 pp.
Pour voir la notice, cliquez-ici et le messages sur ce blog : "De Allobrogibus", une édition de 1844, des presses de Louis Perrin





Pour finir, cet ouvrage, bien relié, a d'abord appartenu à Laurent de Crozet, puis à son fils Amédée de Crozet et enfin à Charles Schefer, comme l'indique les trois ex-libris héraldiques disposés en colonne, par ordre chronologique des propriétaires de haut en bas, sur le premier contre-plat.



J'ai rassemblé quelques éléments sur ces différents propriétaires : cliquez-ici.




1 commentaire:

Textor a dit…

Je ne connaissais pas ! Belle trouvaille. Je vais me mettre en quête d'un autre exemplaire ...
Textor