mardi 28 juin 2011

Une exposition attendue sur les livres de montagne

Les vacances sont à peine commencé que l'on parle déjà de la rentrée. Mais, pour tous ceux qui, comme moi, aiment les livres sur les Alpes et la montagne, une belle exposition est annoncée en septembre à la Bibliothèque municipale de Grenoble :

Regards sur les Alpes
100 livres d'exception (1515-1908)



La Bibliothèque municipale de Grenoble, l'association Ex Libris Dauphiné et Jacques Perret, bibliographe de la montagne et collectionneur, sont heureux de présenter :

Regards sur les Alpes

Une exposition qui explore quatre siècles de littérature sur ces "monts sublimes" : livres anciens et précieux, illustrés de gravures, lithographies et photographies, conservés à la Bibliothèque d'étude et d'information ou issus de collections locales et nationales, publiques et privées.

Pour ceux qui veulent en savoir plus, vous pouvez découvrir le dossier de presse : cliquez-ici.

Votre serviteur a apporté sa modeste contribution grâce à ses quelques connaissances sur les livres des Alpes dauphinoises.

samedi 25 juin 2011

Recueil de poésie, en langage vulgaire de Grenoble,..., Blanc la Goutte, vers 1740

Le poète Blanc la Goutte, un des plus célèbres représentants de la littérature en patois (ou dialecte, on prendra le mot que l'on veut) de Grenoble, a rassemblé vers 1740 trois de ses œuvres dans :
Recueil de poésie, en langage vulgaire de Grenoble, contenant l'Epitre à Mademoiselle *** sur les réjouissances à l'occasion de la Naissance de Monseigneur le Dauphin, Grenoblo malherou & le Jacquety de le Comare
Grenoble, André Faure, Imprimeur du Roi, s.d., in-12, 36 pp.


On y trouve donc :
- A madameisella***, qui est la reprise du poème paru en 1729, première œuvre publiée de Blanc-la-Goutte : Épître en vers, au langage vulgaire de Grenoble, sur les réjouissances qu'on y a faites pour la naissance de Monseigneur le dauphin, à Mademoiselle***, Grenoble, Pierre Faure, 1729. Ces réjouissances pour la naissance du Dauphin ont eu lieu en septembre 1729.
- Grenoblo Malherou, le plus célèbre de ses poèmes, à propos des inondations catastrophiques de Grenoble en 1733. Il a été publié pour la première fois en 1733 : Grenoblo malherou. A Monsieur ***, Grenoble, André Faure, 1733, in-4°, 26 pp.
- Dialoguo de le quatro comare, Pissisen, Jappeta, Faliben, Franqueta, qui est le seul poème en version originale. C'est un dialogue entre 4 commères grenobloises. Sur la page de titre, il est appelé le "Jacquety de le Comare".
(Pour plus d'informations, cliquez-ici et sur Blanc la Goutte, cliquez-ici).

Ce petit recueil est particulièrement rare. Il a fallu attendre 1859 pour qu'un bibliographe dauphinois le cite. Auparavant, il était inconnu, ce qui faisait que la bibliographie de Blanc la Goutte était particulièrement incertaine jusqu'aux travaux de Pilot de Thorey en 1859, dans sa notice incluse dans
Grenoble inondé.

Ma notice est sobre, mais je suis particulièrement heureux d'avoir déniché cet ouvrage particulièrement rare dans une vente aux enchères récente, avec deux autres ouvrages : celui que j'ai présenté la semaine dernière et la probable publication de la semaine prochaine.


Je suis d'autant plus heureux, que j'ai eu la satisfaction de pouvoir en savoir un peu plus sur sa provenance. En effet, c'est un des deux exemplaires de ce
Recueil qui étaient proposés à la vente de Salvaing de Boissieu en 1897. La description correspond, sauf que là où ils décrivent la reliure en veau, je pense que c'est de la basane racinée. Sinon, preuve ultime, le signet avec le n° 586, n° du catalogue Salvaing de Boissieu, est toujours dans l'exemplaire.

Pour conclure ce message, je ne peux que rappeler la belle édition de ce poème datée de 1864, avec des illustrations de Diodore Rahoult et une préface de George Sand, pleine de bienveillance pour ce poète populaire : "un de ses morts illustres, ignoré pourtant au delà de ses horizons, et digne d'être entendu et goûté de toute la France.", et "Il y a du Balzac dans ce bonhomme."

Quelques illustrations de cette édition avec pour finir un portrait imaginé de Blanc la Goutte :



dimanche 19 juin 2011

Le catalogue de vente d'un amateur dauphinois, un bibliophile dauphinois et autres...

Elément indispensable de ma bibliothèque, je recherche toute la documentation sur la bibliographie dauphinoise. Lorsque j'ai vu dans la liste d'une vente récente un Catalogue des livres rares & curieux composant la bibliothèque d'un amateur dauphinois, de 1867, je n'ai pas hésité à mettre un ordre d'achat, sans vraiment savoir ce que me réservait ce catalogue. La modicité de l'ordre et du prix d'adjudication ne me fait pas regretter mon achat à l'aveugle.

En réalité, c'est un recueil de 4 catalogues de ventes aux enchères, qui ont eu lieu entre fin 1867 et début 1868. Seul le premier concerne le Dauphiné. Le titre complet est :
Catalogue des livres rares & curieux composant la bibliothèque d'un amateur dauphinois
dont la vente aux enchères publiques aura lieu par le ministère de Me Guttin, commissaire-priseur, assisté de M. Jourdan, libraire, chargé de la vente.
Le vendredi 15 novembre 1867, et jours suivants. A 7 heures 1/4 du soir. Rue Lafayette, 2, à Grenoble.
Grenoble, Librairie Mainsonville et fils et Jourdan, Paris, Librairie Bachelin-Deflorenne, [1867]


Le catalogue compte 1 225 numéros. Les ouvrages en rapport avec le Dauphiné, y compris ceux imprimés en Dauphiné ou écrits par des Dauphinois, sont indiqués par un astérisque. Il y en a 226. Deux sections sont spécialement consacrées au Dauphiné :
Dauphiné. – Ouvrages et brochures diverse sur cette province. (Isère. – Drôme. – Hautes-Alpes) et Ecrits relatifs à Bayard et à Lesdiguières. Je vous renvoie à la description pour plus d'informations (cliquez-ici).

Commentaire sur cette vente dans le
Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire, 1867, du libraire Techener :
"Le 15 novembre aura lieu, à Grenoble, une vente de livres anciens, rares, bien reliés, composant la bibliothèque d'un amateur dauphinois. Nous en recevons le catalogue, rédigé avec soin, et qui contient 1,225 articles. M. Jourdan, libraire de la ville, est chargé de la direction de cette
auction, qui est très-remarquable pour une vente de province..."
On voit que le goût des anglicismes et le parisianisme ne datent pas d'aujourd'hui...

Il me fallait répondre à la question : qui est l'amateur dauphinois ? Aucune documentation ne m'a permis de l'identifier. Heureusement, une mention manuscrite sur le titre donne : "Gal de Montcla". Les recherches internet m'ont permis de trouver : Jules Gelly de Montcla, né en 1804, mort à Grenoble en 1877, était un général de brigade. Il devait avoir un intérêt pour la chose locale et historique, car il appartenait à la Société d'archéologie et de statistique de la Drôme. En revanche, je n'ai pas trouvé de confirmation qu'il faisait partie des bibliophiles dauphinois. La question reste ouverte, mais je ferais plutôt confiance à Armand de Saint-Ferriol qui, comme contemporain, devait savoir qui se cachait derrière cet intitulé.

En effet, autre atout de cet ouvrage, il provient de la collection du bibliophile dauphinois Armand de Saint-Ferriol, avec son ex-libris :


Cela m'a motivé pour en savoir un peu plus sur ce bibliophile dauphinois (je possédais déjà quelques ouvrages de sa bibliothèque). Issu d'une ancienne famille noble dauphinoise, il est né et mort à Grenoble (1817-1880). Il est le frère de Louis de Saint-Ferriol, fondateur des thermes d'Uriage. Resté célibataire et qualifié de rentier, il est décrit comme un "érudit modeste et laborieux, [...] cloîtré au milieu de ses livres, [...] les meilleurs et presque les seuls compagnons de sa studieuse existence." Il avait tout de même accompagné son frère en Egypte en 1842. Sa bibliothèque a été dispersée en 1881.

Son dernier domicile à Grenoble, 4 rue de la Paix :


Pour plus d'informations sur Armand de Saint-Ferriol, je vous renvoie à la notice que je lui ai consacrée (cliquez-ici).

Ce recueil a sûrement été beaucoup manipulé. La reliure, modeste demi-basane, est fortement usagée et épidermée :


Les 3 autres catalogues de ce recueil sont :

Le catalogue de la bibliothèque du relieur Capé, qui a eu lieu en janvier 1868. Cette vente contenait beaucoup d'ouvrages reliés par Capé lui-même. Il est précédé d'une notice biographique par Jules Janin.


Je n'ai qu'une reliure de Capé dans ma bibliothèque, qui recouvre :
Nouvelles recherches sur les patois ou idiomes vulgaires de la France et en particulier sur ceux du département de l'Isère, de Jacques-Joseph Champollion-Figeac, 1809. Elle est signée en queue du dos.

Est-ce que ce catalogue est recherché ? Je n'en sais rien, mais il semble rare.

Les deux autres catalogues sont ceux des ventes de la bibliothèque de A. Taillandier, conseiller à la Cour de Cassation, ancien député, en février 1868 et de l'abbé Bourgoing, curé de Saint-Augustin, en janvier 1868.

Pour finir ce billet, je dois avouer que tout ce travail n'aura pas été inutile. J'ai appris un nouveau mode, fort nécessaire pour mon quotidien. La dernière section du catalogue de l'amateur dauphinois s'appelle "Paralipomènes historiques".

mardi 14 juin 2011

Encore quelques annuaires des Hautes-Alpes...

J'ai déjà eu l'occasion de parler d'un annuaire des Hautes-Alpes, paru en 1822 (pour voir, cliquez-ici).

J'ai récemment complété ma collection de ces modestes ouvrages en achetant les annuaires de 1835, 1853 et 1869. Ce sont trois ouvrages brochés, en bon état, un peu roussis, mais suffisamment rares pour que je ne l'ai pas trouvés auparavant. Je ne sais si j'aurais l'occasion de les découvrir dans une livrée plus avantageuse pour eux (une belle reliure maroquin aux armes sur un Annuaire des Hautes-Alpes ? Je n'y crois pas vraiment...), mais tels qu'ils sont, dans leur jus, ils me plaisent...

Celui de 1835 : Annuaire du département des Hautes-Alpes. Année 1835, se distingue par ses belles couvertures romantiques.



C'est le premier paru depuis 1822. Bien qu’essentiellement administratif, il contient un historique intéressant sur la constitution du fonds de la Bibliothèque de Gap.


Celui de 1853 : Annuaire administratif, ecclésiastique, commercial et statistique du département des Hautes-Alpes, pour l'année 1853, suivi de l'histoire de Gap à ses différentes époques, est d'abord l’œuvre d'un imprimeur-éditeur probablement pressé de faire preuve de tout le zèle qu'il montre à glorifier la nouvelle administration impériale.


Il contient une intéressante petite étude anonyme sur la topographie de Gap aux différentes époques, que l'on peut attribuer à Adrien Roubaud.


Enfin, l'annuaire de 1869 est le premier depuis 1844 publié sous l'égide de l'administration départementale et non plus par un imprimeur-éditeur zélé : Annuaire officiel des Hautes-Alpes pour l'année 1869, publié sous les auspices de M. E. Boyer, Préfet, et du Conseil Général, avec le concours de MM. les chefs de service et fonctionnaires du département, par MM. Mangarel et Escallier, chefs de division à la Préfecture.


Cet annuaire, bien plus complet que les précédents, fait nettement apparaître l'amélioration de la qualité des statistiques départementales. Entre celui de 1835 et celui-ci, on voit l'importance d'une administration qui assure peu à peu son emprise sur le territoire par le biais de la statistique.


Autre mérite de ces annuaires, ils nous donnent une foule de renseignements sur le département et ses habitants, à travers les nombreuses listes nominatives. En le lisant attentivement, j'ai ainsi découvert comment une branche de ma famille avait débuté dans le commerce des marbres. Il suffit de lire cette page, à la rubrique "Marbriers" :


Ensuite, miracle d'Internet, une recherche sur Google Bookks avec la simple information "Bon Repos, La Mure", permet de trouver des renseignements sur l'histoire de cette fabrique de marbres de l'Isère :


Au passage, j'ai appris que mes cousins avaient fourni des colonnes en marbre pour la basilique de Fourvière à Lyon.

samedi 4 juin 2011

Quelques livres rares sur la topographie des Alpes dauphinoises

La description précise du massif des Ecrins, de l'Oisans et plus généralement du Haut-Dauphiné s'est faite peu à peu à travers quelques ouvrages de base qui ont permis de fixer la topographie du massif de façon plus précise dans la deuxième moitié du XIXe siècle.

Comparativement à la Suisse ou à la Savoie, la description précise de ces régions a été tardive. Les touristes et les savants n'ont pas été les premiers. Ils ont été précédés par les militaires, qui furent les premiers à s'intéresser à cette région frontalière, pour d'évidentes raisons stratégiques. Les premiers travaux sont des mémoires rédigés au cours du XVIIIe siècle, à l'usage des troupes alpines. Pour la région qui nous intéresse, Pierre-Joseph de Bourcet (1700-1780) a été l'un des artisans les plus actifs de la description de sa région natale. En effet, il est né à Usseaux, dans la vallée de Pragelas, dans un des 3 escartons du Briançonnais qui ont été cédés au Piémont lors du traité d'Utrecht en 1713.


Dès l'âge de 9 ans, en 1709, il sert dans les armées des Alpes sous les ordres de son père, capitaine. Il complète sa formation en étudiant les mathématiques, devient artilleur, puis entre dans l'infanterie afin de pouvoir ensuite rejoindre le Génie. Avec l'appui de M. d'Asfeld, il intègre le corps des Ingénieurs du Génie en 1729. Il a une longue carrière militaire qui le mène jusqu'au grade de lieutenant-général des armées du roi, en 1762, le plus haut grade de la hiérarchie militaire d'ancien régime. Il participe à de nombreuses campagnes durant sa carrière où il peut faire valoir ses talents d'ingénieur dans le génie et sa connaissance des fortifications. Son expérience dans la guerre de montagne est une aide précieuses lors des guerres avec le Piémont. Il a laissé de nombreux mémoires manuscrits sur ce sujet.

Parmi quelques faits, on peut relever :
- En 1752, il accompagne M. de Paulmy dans sa tournée d'inspection des Alpes (Voyage d'inspection de la frontière des Alpes en 1752 par le Marquis de Paulmy, par Henry Duhamel. Cet ouvrage contient la publication de nombreux mémoires de Bourcet.
- Directeur des fortifications du Dauphiné de 1756 (nommé le 1er juin 1756) à 1777.
- Sous la direction du ministre de la guerre, Choiseul, il établit en 1764 à Grenoble une école d'instruction pour les officiers qui se destinent au service de l'état-major de l'armée. Elle disparaît en 1771. C'est alors que Bourcet rédige pour l'instruction de ses élèves les
Principes de la guerre de montagnes, qui ne sont publiés qu'en 1888.
- Bourcet dirige le lever de la carte de la frontière du Dauphiné de 1749 à 1752, travail qui a été poursuivi jusqu'en 1754, malgré le départ de Bourcet qui avait quitté le Dauphiné pour des missions dans le Nord de la France. Cela a donné lieu à la publication d'une magnifique carte en 9 feuilles en 1758 : Carte géométrique du Haut-Dauphiné et de la frontière ultérieure.
Il est mort à Meylan le 14 octobre 1780.
(Voir une notice biographique plus complète : cliquez-ici)

Quelques années après son décès, en 1801, paraissent les Mémoires militaires sur les frontières de la France, du Piémont et de la Savoie depuis l'embouchure du Var jusqu'au lac de Genève, par M. de Bourcet. C'est un recueil de sept mémoires dont le plus intéressant et le plus long est le premier :
Description militaire des Frontières de la France, du Piémont et de la Savoie, depuis la mer Méditerranée jusqu'au lac de Genève : comprenant les places de guerre, forts, châteaux, postes, camps retranchés; les vallées, cols et chemins des Alpes. C'est une description précise de toute la frontière. On y trouve aussi bien la liste de toutes les places fortes qu'une description de toutes les vallées et cols de la frontière et de l'arrière-pays. Comme il faut s'y attendre, les sommets sont à peine évoqués. Ce sont deux exemplaires de ces recueils de mémoires que j'ai décrits aujourd'hui. Vous pouvez consulter une notice complète, avec des éléments d'identification sur les auteurs en cliquant-ici.

Il y a eu deux éditions. La première est imprimée à Berlin par George Decker en 1801. La deuxième porte l'adresse des frères Levrault, à Paris et Strasbourg en l'an X (1801-1802.



Il n'y a aucune information sur l'histoire de ces deux éditions. Nous l'avons reconstituée sur la base de l'observation de nos exemplaires. La page de titre de l'édition de Paris et Strasbourg est montée sur onglet (page cartonnée). Elle est probablement venue remplacer la page de titre initiale de l'édition de Berlin. Autrement dit, l'ouvrage a été imprimé par Georges Decker à Berlin. Des exemplaires ont ensuite été repris par Levrault, frères qui y ont mis leur page de titre. Comme elle faisait partie du premier cahier, elle a dû être montée sur onglet, sur la page de titre de Berlin découpée. En dehors de ces deux pages de titre, le reste de l'ouvrage est strictement identique. Nos deux exemplaires sont cependant imprimés sur des papiers différents. Je viens d'apprendre que ce type d'enquête s'appelait de la "bibliographie matérielle" (voir le blog de Bibliomab : cliquez-ici).

L'ouvrage se termine par une carte spécialement gravée pour illustrer l'ouvrage et faciliter la compréhension des mémoires topographiques :
Carte des Alpes depuis Nice jusqu'au lac de Genève. L'orientation est inhabituelle, afin de pouvoir couvrir toute la frontière. Le nord est à droite :



Petites considérations sur ces deux exemplaires

J'ai acheté ces deux exemplaires lors de la vente du docteur Blanc en décembre dernier. Pourquoi acheter deux exemplaires du même ouvrage ? C'est simple, aucun des deux n'était parfait !

Celui de Berlin a pour lui de nombreuses qualités :
- l'ouvrage est complet des deux
Erratas
- la reliure est de qualité. C'est un beau veau raciné d'époque, ce qui était déjà une bonne raison de l'acheter.
- c'est la plus rare des deux éditions. On ne la trouve que 2 fois au CCFr.
- on ne laisse pas passer deux fois sa chance (voir plus loin)
Malheureusement :
- il manque la carte
- il y a des rousseurs


Celui des frères Levrault a pour lui :
- il est complet de la belle carte,
mais :
- il manque le 2e Errata (c'est un défaut véniel).
- la reliure est modeste


En définitive, les deux font la paire et presque un exemplaire parfait.

Pour finir, une anecdote. L'exemplaire de Berlin (celui en veau raciné) m'avait échappé en 2004. Je l'avais vu chez un libraire parisien. Je m'étais décidé un peu tardivement et il était déjà parti. Je sais maintenant que cet exemplaire avait été acheté par le docteur Blanc et j'ai pu ainsi l'acquérir lors de la vente de sa bibliothèque en décembre, quasiment au même prix. Preuve, s'il en est, que la bibliophilie offre parfois une deuxième chance.

Il est d'autant plus séduisant de posséder ces deux exemplaires, qu'il s'agit d'ouvrages rares, voire "d'une insigne rareté" pour parler comme certains libraires. En 15 ans de chine dauphinoise, c'est la première fois que je les vois. Comme pour me faire mentir, un exemplaire est en vente à Annecy en juin.

En marge et toujours sur la topographie alpine

Lors de cette même vente, j'ai acheté un exemplaire sur papier de Hollande de
La topographie militaire de la frontière des Alpes, de M. de Montannel, édité par les soins de M. A. de Rochas d'Aiglun en 1875. Il est bien complet de la carte dépliante, qui est la reproduction de la carte qui illustre l'ouvrage de Bourcet.


J'ai complété ma notice (j'avais déjà un exemplaire) par celle de ce bel exemplaire relié en demi maroquin à coins (cliquez-ici) :


Si la topographie des Alpes dauphinoises et du massif des Ecrins vous intéresse, vous pouvez vous reporter à cette page : Découverte du Haut-Dauphiné : topographie et exploration du massif des Ecrins/Oisans

Je conclus ce long billet par la saine et pragmatique philosophie de Bourcet lorsque il évoque l'anomalie géographique qui fait que la Durance donne son nom à la Clarée, malgré la différence de tailles :
"La Clarée est plus considérable que la Durance à leur jonction, et elle vient de plus loin; il était donc plus juste de conserver aux deux rivières réunies le nom de Clarée. Mais la Durance prend sa source au mont-Genèvre, qui est un passage très-fréquenté; elle était bien plus connue, aussi l'a-t-elle emporté, quoiqu'elle ne soit qu'un filet d'eau pendant l'été:
voilà comment le mérite modeste qui se cache, est éclipsé par un plus petit qui ose se mettre en évidence."

Pour illustrer le propos, sur cette photo du confluent, la Clarée est au premier plan
et la Durance est la petite rivière qui s'y jette au deuxième plan.