mercredi 31 décembre 2008

Victor Colomb et Lautréamont, Louis Videl

Dernière publication de l'année 2008.

Lors de sa sortie en 1998 , j'avais lu l'ouvrage remarquable de Jean-Jacques Lefrère sur Lautréamont. Je viens de lire son nouvel ouvrage, que je recommande à tous ceux qui s'intéressent à cet écrivain (mais cela nous éloigne beaucoup du Dauphiné) :



A la lecture, je me suis aperçu qu'un des obscurs auteurs dont il parlait à propos du concours de poésies lancé par Evariste Carrance en 1868 ne m'était pas inconnu.

En effet, entre mes deux lectures, je me suis intéressé à la bibliographie et la bibliophilie dauphinoise et j'ai publié une page sur Victor Colomb (1847-1924), de Valence, bibliophile dauphinois et érudit local, auteur de l'indispensable et inoubliable notice sur Adolphe Rochas. En effet, Victor Colomb avait été en bonne compagnie lors de ce concours, puisqu'il se trouve dans le même palmarès que Isidore Ducasse, comte de Lautrémaont, qui publiait ici son premier chant des Chants de Maldoror.



Pour plus de précisions, vous pouvez vous reporter à la page consacrée à Victor Colomb.



Autre publication, pour préparer les descriptions d'ouvrages sur Lesdiguières (voir message précédent) : une page biographique sur Louis Videl, le secrétaire et le biographe de François de Bonne, duc de Lesdiguières, dernier connétable de France. J'ai particulièrement soigné la bibliographie de Louis Videl.

lundi 22 décembre 2008

Notes de lecture : Lesdiguières

Je viens de terminer la lecture d'un ouvrage remarquable sur François de Bonne, seigneur de Lesdiguières (1543-1626), personnalité majeure du Dauphiné de 1575 à 1626, dernier Connétable de France.


Lesdiguières avait déjà fait l'objet de nombreux travaux, mais cette dernière biographie se distingue par la qualité des recherches et surtout par la variété des points de vue. Que ce soit sa fortune, sa vie militaire, son rôle politique, ses rapports avec les rois Henri IV et Louis XIII, sa personnalité, sa famille et ses réseaux d'influence, tous les aspects de sa vie sont étudiés par Stéphane Gal, avec des mises en perspective par rapport à son époque, son milieu culturel et religieux, par rapport aux transitions que vivaient alors la noblesse française entre l'idéal chevaleresque et les nouvelles conditions du service de l'état. Une biographie de référence, pour tous ceux qui apprécient l'histoire, lorsque elle fait preuve d'exigence.

J'ai déjà rassemblé quelques ouvrages sur Lesdiguières, en particulier sa biographie par Louis Videl et sa correspondance, publiée par le comte Douglas et Joseph Roman. Il faut que je les décrivent. J'ai acheté au dernier Salon du Livre ancien du Grand Palais une curiosité : une entrevue imaginaire entre César, duc de Vendôme et Lesdiguières, par David Fassmann, publié à Leipzig en 1724.



J'ai aussi enrichi la page consacrée aux Images anciennes de la Meije avec la reproduction d'un timbre dessiné par Pierre Gandon et publié le 5 juillet 1943 représentant la Meije depuis le Lac Lérié.


dimanche 21 décembre 2008

Virée lyonnaise

D'un rapide passage à Lyon, j'ai ramené deux livres, dont l'un a déjà fait l'objet d'une description. Il s'agit de :
Etude de Biographie et de Bibliographie dauphinoises. I. – Boissier, d'Adolphe Rochas, Grenoble, Prudhomme, 1868.

Cette petite plaquette est une étude sur un poète ouvrier de Die, Auguste Boissier (1802-1867), qui a écrit quelques poèmes en patois diois, en les imprimant lui-même selon un procédé qu'il avait inventé.
Elle a été tirée à 25 exemplaires sur papier de Hollande et provient de la bibliothèque d'Armand de Saint-Ferriol, avec son ex-libris manuscrit.



C'est une de ces petites plaquettes d'érudition locale, bien imprimée, sur beau papier, bien reliée, comme je les aime. On y sent tout l'amour du pays natal, de sa petite patrie, que sait si bien exprimer Adolphe Rochas lorsque il oublie son goût pour la polémique ou le sarcasme. Lui qui connaissait personnellement Auguste Boissier, il a su donner un ton très personnel à cette notice, ce qui fait aussi le prix de cet hommage à un poète populaire, oublié.

J'en est profité pour améliorer la page consacrée à Adolphe Rochas, en y incluant une bibliographie que j'espère complète de cet érudit dauphinois dont la
Biographie du Dauphiné, parue en 2 volumes en 1856 et 1860 reste l'outil indispensable pour la biographie et la bibliographie dauphinoises.
Pour consulter la bibliographie : Bibliographie des ouvrages et tirés à part d'Adolphe Rochas.


L'autre ouvrage, plus récent, est une étude sur l'Aviation de Montagne, par le général Benoist, publiée à Grenoble en 1934 par Arthaud. J'ai tout de suite été attiré par la couverture illustrée d'une photographie sépia représentant les Ecrins.



Je ne connaissais pas ce livre, pourtant courant, mais j'ai été définitivement conquis lorsque j'ai vu les photographies qui illustrent l'ouvrage, en sépia au ton bleu, qui représentent tous les massifs des Alpes françaises, dont quelques belles vues de la Meije et des Ecrins. J'ai sélectionné cette photographie.



Pour finir, une bonne nouvelle, la prochaine publication d'une nouvelle revue de bibliophilie :


Cette revue s'appelle La Nouvelle Revue des Livres Anciens. Elle paraîtra 3 fois par an, et la première livraison est prévue au printemps 2009. Les thèmes abordés couvriront tous les sujets chers aux bibliophiles: l'objet Livre, de la typographie à la reliure; les portraits de professionnels du Livre et de bibliophiles, d'hier et d'aujourd'hui; les grandes imprimeries, librairies et bibliothèques, privées et publiques; les grands événements, salons, ventes, expositions et conférences; les publications incontournables, livres et périodiques, etc.

La Nouvelle Revue des Livres Anciens a été créée par Jean-Paul Fontaine et Hugues Ouvrard (le Blog du Bibliophile: http://bibliophilie.blogspot.com/) et elle est placée sous le parrainage de M. Christian Galantaris, Expert honoraire près la Cour d'Appel de Paris et auteur notamment du Manuel de Bibliophilie (Editions de Cendres, 1997, deux volumes in-8). Les deux numéros de 2009 (printemps et automne) de La Nouvelle Revue des Livres Anciens sont en vente par souscription dès aujourd'hui. Le montant de la souscription est de 30 euros pour ces deux numéros. La souscription est ouverte à ce prix jusqu'au 20 janvier.

Il s'agit d'une revue de luxe, de format in-4 (environ 21 x 27 cm), dos carré, sur grand papier, de 80 pages environ, illustrées en couleurs, à tirage limité et numéroté.

La souscription se fait par chèque français (montant: 30 euros) libellé à l'ordre de « La Nouvelle Revue des Livres Anciens », envoyé à l'adresse ci-dessous :
La Nouvelle Revue des Livres Anciens
3 B, rue des 16e et 22e Dragons
51100 Reims FRANCE
Adresse email: nrlanciens@gmail.com


Autre belle nouvelle, la publication d'un catalogue de 100 beaux livres, par Bertrand de la librairie L'Amour qui Bouquine. Il n'y a rien sur le Dauphiné, mais la qualité du catalogue rassure sur l'avenir de la librairie ancienne. Allez sur son site pour télécharger son catalogue (15 Mo !) , vous passerez un excellent moment de lecture bibliophilique. Et peut-être y trouverez vous de quoi vous faire un petit plaisir pour cette fin d'année.

dimanche 14 décembre 2008

Deux éditions des Recherches sur les Antiquités de la ville de Vienne, de Nicolas Chorier.

Pour ceux qui suivent attentivement ce blog et le site associé, ils auront compris que mon Dauphiné est plutôt celui des montagnes. Je m'autorise cependant quelques chemins de traverse comme pour les deux ouvrages que je décris aujourd'hui. C'est d'abord pour l'auteur. Depuis que je m'intéresse à l'histoire et à la bibliographie dauphinoises, j'ai une forme de sympathie pour Nicolas Chorier (1612-1692). Cet historien dauphinois a été précurseur. Il est l'auteur de la première histoire du Dauphiné, parue en 1661-1672. A voir sa bibliographie, on pourrait imaginer un érudit poussiéreux, comme quelque moine bénédiction penché sur les chartes anciennes du Dauphiné. Eh non ! Il est aussi l'auteur d'un fameux livre érotique, l'Aloysia Sigea ou l'Académie des Dames, dialogue initiatique entre deux femmes. Est-ce que l'histoire du Dauphiné ne suffisait pas à épuiser son énergie vitale ? Je retiendrais deux phrases de lui. La première en fait presque un auteur féministe avant l'heure :
"Pourquoi défendre à ce Sexe d'aborder les Sciences, qui ne luy sont pas plus inaccessibles qu'au nostre, & qui ne luy sont pas moins utiles ? "
La deuxième me semble presque s'adresser à tous ceux qui, comme moi, malgré une activité professionnelle prenante, trouvent le temps de se consacrer "à d'autres estudes" :
"En effet, il m'a esté rarement possible d'estre tout à ce travail, ma fortune m'ayant attaché à une profession où un homme peut difficilement se partager à d'autres Estudes. Je n'ay pû luy donner que les heures dont les Plaidoyez, & les Advertissemens m'ont laissé la liberté de disposer. De sorte que je ne pretens pas qu'un mediocre Advocat soit devenu, avec si peu d'application, un excellent Historien".

Ce sont donc deux éditions d'un ouvrage de Chorier que je décrit aujourd'hui :
Les Recherches du Sieur Chorier sur les Antiquitez de la ville de Vienne (édition de 1659)
Recherches sur les Antiquités de la ville de Vienne (édition de 1828)


La première édition décrite est celle de 1659. C'est un ouvrage particulièrement rare. Cet exemplaire m'a été proposé par un lecteur du site.


Pendant qu'il écrivait sa monumentale Histoire générale de Dauphiné, qu'il avait annoncée en 1654, Nicolas Chorier travailla à une histoire de sa ville natale, Vienne en Dauphiné, en se basant sur les nombreuses inscriptions et monuments antiques dont cette ville est riche. Son ouvrage terminé en 1657, il fut publié par Claude Baudrand à Lyon en 1658. L'année suivante, une nouvelle édition parut. Après une comparaison attentive entre les deux éditions, il n'y a que deux différences : la date et une Dédicace aux Consuls de Vienne, qui a été supprimée. Sinon, même les nombreuses fautes d'impression et l'erreur finale de pagination n'ont pas été corrigées. J'ai pu faire la comparaison entre mon exemplaire de 1659 et celui de 1658 numérisé sur Gallica.

Cet exemplaire contient un bel ex-libris que je voudrais bien identifier. Si vous avez une piste, je suis preneur.


La deuxième édition décrite est celle qui fut donnée à Lyon en 1828 par Nicolas-François Cochard.


Elle reprend celle de 1659,en la complétant avec les inscriptions et monuments trouvés depuis l'époque de Chorier. Au delà de l'intérêt de l'ouvrage, j'ai été attiré par la beauté de l'exemplaire. Il fait partie des quelques exemplaires imprimés sur papier de couleur, en rose dans ce cas. J'aime beaucoup cet usage, assez répandu au XIXe siècle, d'imprimer quelques exemplaires sur des papiers vert, jaune, rose ou bleu. C'était probablement une façon de distinguer des exemplaires, sans pour autant devoir utiliser des papiers de luxe couteux. C'est une forme de tirage de tête à la portée des imprimeurs modestes. Autre intérêt de l'exemplaire la magnifique reliure romantique en plein maroquin vert bouteille, avec les plats ornés d'une plaque estampée à froid. Quelques photos illustreront cela :




Deux photos pour finir.
Le faune illustrant la page de titre de l'édition de 1828 :

Une mésange sur mon balcon parisien :

samedi 6 décembre 2008

Deux publications de la Librairie Dauphinoise

Entre 1897 et 1903, Félix Perrin voulut doter le Dauphiné de publications de qualité, qui alliaient un texte de référence et une qualité bibliophilique des ouvrages (typographie, tirage de luxe, illustrations, etc.), le tout à la gloire de la province.

En association avec H. Falque, sous la dénomination commerciale de Librairie dauphinoise, ce qui disait bien leur objectif, ils publièrent quelques beaux ouvrages. J'en est décrit deux ce week-end.


Le premier est l'ouvrage fondateur de la collecte ethnologique de chansons populaires dans les Alpes :
Chansons populaires recueillies dans les Alpes françaises (Savoie et Dauphiné), de Julien Tiersot, paru en 1903.

C'est la publication des résultats d'une enquête menée par Julien Tiersot de 1895 à 1900 dans les Alpes françaises afin de recueillir les chansons populaires. Il en donne 227, dont une bonne partie avec la musique notée. Le chapitre consacré aux danses contient un développement particulier sur le Bacchu-Ber, la célèbre danse d'épées du Briançonnais.


A la lecture de ces pages, on sent l'amour de l'auteur pour son sujet et le très grand respect, voir la sympathie, pour tous les Alpins, qu'ils soient savants ou issus du peuple, qui l'ont aidé dans sa quête.

L'exemplaire décrit est un des cinquante exemplaires du tirage de tête sur papier Japon, dans une reliure demi-maroquin havane à coins.

En conclusion, un beau texte, doublé d'un bel objet.

Julien Tiersot : "C'est une manière d'alpinisme assez inédite que celle qui consiste à courir la montagne à la recherche des chansons populaires".


Le deuxième ouvrage est un recueil de poèmes d'Emile Roux-Parassac sur sa famille (en particulier son fils Jean-Xavier), la patrie, les Alpes, le Dauphiné, etc.:
Souffles d'en haut. Poèmes intimes et poèmes alpestres, publié en 1902.
Il est richement illustré par des reproductions d'œuvres d'artistes dauphinois.


Cet ouvrage, par son thème et son iconographie, ainsi que par les nombreux artistes qui ont contribué à sa réalisation, se voulait un hommage bibliophilique au Dauphiné, alliant la qualité du texte, de l'illustration, de la typographie et du papier. En faisant appel à de nombreux artistes dauphinois, l'auteur voulait rassembler ce qui se faisait de mieux dans la province. Malgré cela, l'ouvrage n'échappe ni à l'académisme, ni à une certaine préciosité. Cette entreprise éditoriale doit être replacée dans le mouvement de valorisation de la province, qui souhaitait la doter d'une bibliophilie de qualité, pouvant rivaliser avec d'autres productions régionales ou parisiennes. Au tournant du siècle, la Librairie dauphinoise a eu cette ambition, qui s'est concrétisée par quelques belles réalisations comme celle-ci ou la Revue dauphinoise. Malheureusement, les résultats et le succès n'ont pas été au rendez-vous. Emile Roux-Parassac, malgré tout l'amour qu'il portait à son pays natal et à ses Alpes, n'avait pas le talent qui permettait de faire de cet ouvrage une pièce de collection qui traverserait les années. Il en reste juste un bel ouvrage, un peu recherché, mais qui n'a pas fait date.






Que ce commentaire ne laisse pas penser que je n'ai pas une forme d'attachement pour ce bel objet, un peu dérisoire et suranné.


Parmi les autres beaux livres publiées par la Librairie dauphinoise, le plus connu et le plus recherché est la somme de John Grand-Carteret : La Montagne à travers les âges, référence sur l'image et la représentation de la montagne à travers les âges, bel ouvrage richement illustré. J'avais déjà eu l'occasion de le décrire.

Pour finir sur Félix Perrin, je souhaiterais en savoir plus sur lui. Je ne connais ni sa date de naissance, ni celle de son décès. Il s'est illustré aussi bien comme alpiniste que comme libraire et bibliophile. Comme alpiniste, il œuvra à la découverte et à la mise en valeur des Alpes Dauphinoises. Avec W.-A.-B. Coolidge et Henry Duahmel , il est le rédacteur de l'ouvrage fondateur de la description touristique des Alpes dauphinoises : Guide du Haut-Dauphiné, paru en 1887, ancêtre de tous les guides d'excursions et de randonnées dans le massif des Ecrins.

Félix Perrin a probablement été trop ambitieux dans son entreprise éditoriale. Suite à des difficultés financières, il dut vendre sa bibliothèque en décembre 1903. Le catalogue est une référence encore indispensable de la bibliographie dauphinoise : Catalogue des livres dauphinois et autres, anciens et modernes, cartes, tableaux et objets d'art provenant de la bibliothèque de M. Félix Perrin, ancien libraire-éditeur.

En guise d'amuse-gueule, j'ai décrit une petite plaquette savoureuse, où Emile Roux-Parassac brocarde en vers la manie querelleuse de l'érudit haut-alpin Joseph Roman : Un Roman Scientifique. Simple croquis des Mœurs savantes.


L'image du jour sera cette illustration d'Emile Guigues, pour Souffles d'en haut. Que ceux qui ne connaissent pas cet illustrateur haut-alpin découvrent son trait léger et ironique, qui a illustré de nombreux ouvrages dauphinois à la croisée des XIXe et XXe siècles. La page que je lui consacre mériterait d'être plus développée.




mardi 2 décembre 2008

La Meije

Le commentaire d'un lecteur sur le dernier message m'a donné envie de présenter 3 ouvrages sur La Meije.


Le premier est un ouvrage de 1968, Celui qui va devant, de Max Liotier, le très beau récit d'un ascension de la Meije par un guide et son client, écrit du point de vue du guide. Moi qui ne dépasse pas les chemins de randonnée et qui ne va pas exposer sa vie comme le lecteur de mon blog, ce récit m'a fait rêver.


Deux petites plaquettes :

Le récit par Henry Duhamel d'une tentative à La Meije en 1875, alors que ce sommet était encore invaincu. Rendons hommage au mérite de Henry Duhamel (un des introducteurs du ski en France), et de Paul Guillemin d'avoir explorer les voies de La Meije, permettant la première ascension en août 1877.


Un autre récit d'ascension, celui d'Ernest Thorant au Pic occidental de La Meije. Ernest Thorant s'est tué lors d'un ascension à La Meije en 1897. Il est enterré au cimetière de Saint-Christophe en Oisans.

Cette petite plaquette contient un envoi de Thorant.


Pour finir, un blog incontournable sur La Meije : La Montagne, c'est pointu, de Pierre Chapoutot. Le dernier message du blog est l'annonce de son décès en montagne.